(Actualisé avec réaction de Damas §6)
MOSCOU, 11 août (Reuters) - Les ministres russe et saoudien des Affaires étrangères, qui se rencontraient mardi à Moscou, n'ont pu surmonter leur divergence de vue sur le sort du président syrien Bachar al Assad, dont Ryad estime qu'il n'a pas sa place dans la Syrie de demain.
La Russie, qui est avec l'Iran l'un des deux principaux alliés de Damas, est à la manoeuvre pour tenter de définir une coalition contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI) qui intégrerait le régime d'Assad.
Les explications de Sergueï Lavrov n'ont pas convaincu son homologue saoudien, Adel al Joubeir.
"L'une des principales raisons de l'émergence de l'Etat islamique tient aux actes d'Assad, qui a retourné ses armes contre sa propre nation et non pas contre l'Etat islamique", a dit l'ancien ambassadeur saoudien à Washington.
"Assad fait partie du problème, il ne fait pas partie de la solution à la crise syrienne", a-t-il ajouté lors de sa conférence de presse commune avec Lavrov. "Il n'y a pas de place pour Assad dans l'avenir de la Syrie."
Dans un communiqué diffusé par les médias d'Etat syriens, Damas a "fermement condamné" les déclarations du ministre saoudien.
Moscou estime pour sa part que les frappes de la coalition régionale mise en place il y a un an par les Etats-Unis et à laquelle participe l'Arabie saoudite ne réussiront pas à mettre en échec l'Etat islamique, qui contrôle de larges pans des territoires irakien et syrien.
"Les discussions portent sur une coordination de tous ceux qui combattent déjà les terroristes, de sorte qu'ils mettent l'accent principal sur la lutte contre le terrorisme et reportent à plus tard le règlement de leurs propres divergences", a expliqué Lavrov lors de la même conférence de presse.
"Des efforts plus coordonnés contribueraient à parvenir à cet objectif", a ajouté le chef de la diplomatie russe avant de préciser que cette coordination devait couvrir l'armée irakienne, les forces kurdes, certains groupes de l'opposition syrienne armée mais aussi l'armée syrienne.
Sur ce dernier point, Al Joubeir a été très clair, excluant toute coalition susceptible de placer dans le même camp Ryad et le camp Assad. (Katya Golubkova et Gabriela Baczynska; Henri-Pierre André pour le service français, édité par Marc Angrand)